SOUSTIEL Jean

(Neuilly-sur-Seine, 1938-Paris, 1999)
Antiquaire et expert en art islamique

Né le 9 février 1938, ancien élève de la prestigieuse École des Roches à Verneuil-sur-Avre (Eure) en Normandie, où il est pensionnaire de 1948 à 1956 et dont il devient plus tard l’un des administrateurs, Jean Soustiel effectue son service militaire en Algérie de 1958 à 1960. Décoré de la Croix de la valeur militaire, il poursuit ses études supérieures à l’École du Louvre où, de 1960 à 1964, il suit les cours d’art islamique de Jean David-Weill. Il travaille ensuite avec son père Joseph Soustiel, célèbre antiquaire installé depuis 1935 au 146 boulevard Haussmann à Paris.

Jean Soustiel a hérité de ses aïeux autodidactes le sens des objets, céramiques, armes, tissus, broderies… Conteur savoureux, il sait faire revivre ces objets d’art d’Orient, dévoilant certains aspects de leur histoire, de leur sens originel et de leur beauté. Mécène, il est un généreux donateur qui contribue à l’enrichissement des collections islamiques du Louvre et du musée national de la céramique à Sèvres. En 1982, sa générosité à l’égard des musées nationaux lui vaut d’être décoré Chevalier des arts et lettres.

Spécialiste incontesté de l’art musulman et expert internationalement reconnu, Jean Soustiel aimait aussi d’autres expressions de l’art. Au début de sa carrière, il s’intéressa à l’Art Nouveau. Après 1965, il se passionna pour la vie et l’œuvre du sculpteur Jean Carriès (1855-1894), faisant don des papiers de cet artiste aux Archives départementales de la Nièvre à Nevers et d’un certain nombre de ses œuvres à la ville de Saint-Amand en Puisaye. De 1973 à 1993, il contribua activement à l’organisation de multiples expositions dans sa galerie du boulevard Haussmann, faisant découvrir les arts de l’islam, les miniatures orientales de l’Inde, ou la peinture orientaliste (organisant la première exposition privée sur ce thème en 1975). La qualité de ses expositions, ainsi que les œuvres proposées à ses ventes, créait des événements mondiaux —souvenirs de la famille impériale ottomane, vêtements du harem du dernier émir de Boukhara. Rédigeant avec les meilleurs spécialistes les notices de catalogues, il en fit des textes de références. Auteur d’une synthèse magistrale sur La Céramique islamique (Fribourg, Office du Livre, 1985), il rassembla au cours de cinq voyages effectués en Asie centrale, entre 1991 et 1998, les matériaux d’un livre sur les céramiques de Samarcande. Mais frappé par la maladie, il mourut à Paris le 12 août 1999. Le fruit de ses recherches paraîtra à titre posthume, grâce à son ancien élève et ami Yves Porter sous le titre Tombeaux de Paradis, la céramique architecturale d’Asie centrale (Saint-Rémy-en-l’Eau, éd. Monelle Hayot, 2003).

Frédéric Hitzel, CNRS

Bibliographie :

Jean Soustiel, « Arts musulmans. Chronicle of Parisian Antiques Gallery », Arts and the Islamic World, IV/4 (Autumn-Winter 1987/8), pp. 69-73 ; Les Donateurs du Louvre, catalogue d’exposition, musée du Louvre (avril-août 1989), pp. 86-91, 325.