Boîte à inscription souveraine et aux canards
Egypte ou Syrie, art mamelouk, première moitié XIVe siècle
Diam. : 11 cm ; Haut. : 9,5 cm
Vendue aux enchères par la Galerie de Chartres SARL (Maîtres Lelièvre, Maiche et Paris) à Chartres le dimanche 16 octobre 2005, lot n° 160
Adjugée 55.000 €
Actuellement conservée à la David Collection, Copenhague (inv. n°41-2005)
Photographie : Pernille Klemp
Rare et belle boîte cylindrique munie d’un couvercle à gorge, en laiton incrusté d’argent et finement ciselé. Le dessus du couvercle est décoré d’un bandeau trilobé de rinceaux floraux autour d’une prise en bouton, et la gorge d’une frise de quinze canards en vol interrompus par trois petits disques meublés de svastikas. La base du couvercle est ornée d’une frise de rinceaux. Le corps est décoré d’une large inscription souveraine anonyme calligraphiée en écriture naskhi sur fond d’enroulements de rinceaux, interrompue par trois grands rondeaux où s’ébattent huit canards autour d’un disque meublé de svastikas. Deux frises de rinceaux ceinturent le bandeau calligraphié. Le couvercle est maintenu par une charnière et un fermoir fixés par des clous en cuivre rouge, probablement remontés ultérieurement. Plaques d’argent partiellement désincrustées.
La boîte porte la titulature suivante : « al-maqarr, al-‘âlî, a*l-mawlawi al-amîr*î, al-kabîrî, al-malikî* »
Soit : « Sa Majesté élevée (sa haute Excellence), notre maître, le grand émir, le royal ».
Il existe plusieurs boîtes cylindriques en laiton incrusté d’argent provenant des périodes ayyoubide et mamelouke. Gaston Wiet dans son ouvrage Catalogue du Musée Arabe, Objets en cuivre, Le Caire, 1932, répertorie (pp. 79-80) vingt-deux boîtes à inscriptions historiques dont il a eu connaissance et recense, entre autres, une boîte mamelouke au nom de l’émir Tughây-Tamur, datable du XIVe siècle, qui possède – outre l’inscription au nom de l’émir – un bandeau calligraphié offrant une titulature semblable à celle inscrite sur cette boîte (voir G. Wiet, op.cit., pp.102-103 et pl. VI.). Une autre boîte, listée par G. Wiet et datée 1371, présentant un décor différent de cette boîte, est conservée au musée du Louvre (voir le catalogue d’exposition par Marthe Bernus-Taylor, Arts de l’Islam des origines à 1700, Orangerie des Tuileries, Paris, 1971, n° 169 (n° 16 du répertoire de G. Wiet).
Deux boîtes cylindriques mameloukes portant des inscriptions souveraines anonymes sont passées sur le marché parisien, l’une par le ministère de Maîtres Oger-Dumont, Drouot, 6 avril 1981, lot n°249 ; l’autre chez Pierre Bergé et Associés, Drouot, 25 juin 2003, lot n°76.
En ce qui concerne le décor de cette boîte, l’extrême finesse d’exécution de la ciselure des canards est à rapprocher du décor d’une boîte à encens faite pour le sultan Muhammad ibn Qala’un (1294-1340) (voir James Allan, Islamic Metalwork, the Nuhad Es-Said collection, Londres, 1982, n° 14 p. 84) ou de celui d’un bassin exécuté pour un émir du même sultan, conservé au British Museum (voir Rachel Ward, Islamic Metalwork, British Museum, Londres, n°89 p. 112). Ces comparaisons permettent d’attribuer cette boîte à la première moitié, voire au début du XIVe siècle.