Carreau au singe
Céramique à décor de glaçures colorées et de lignes noires
Iran, période safavide, XVIIe siècle et plus tard
Hauteur : 23,8 cm ; Largeur : 23,4 cm ; Epaisseur : 2,2 cm
Une créature élancée à l’allure simiesque, le cou agrémenté d’une collerette, s’accroche à un arbre. Elle se tient de dos et semble contempler une scène sur un autre carreau, comme par exemple celle de trois individus simiens suspendus à des lianes (Simon Ray, Indian and Islamic Works of Art, London 2002, n° 22), d’aspect plus humain que les deux singes d‘un carreau du musée des Arts décoratifs de Paris (Rémi Labrusse, Purs Décors ? Paris, musée des Arts Décoratifs, 2007, cat. 168 p. 338).
Ce revêtement composé de deux demi-carreaux de facture différente, ornait probablement le mur d’un des innombrables palais d’Isfahan, capitale de l’empire safavide qui connut l’éclosion de nombreux projets architecturaux dès le règne de Shah ‘Abbas Ier (1587-1629). Les monuments étaient alors entièrement tapissés de carreaux décorés en vive polychromie de compositions florales ou animées.
La technique de décor utilisée sur ce carreau est dite « à ligne noire » : sur une glaçure blanche préalablement appliquée à l’ensemble de l’objet, une ligne noire réalisée avec de la chromite vient dessiner les contours du décor afin de contenir les différentes couleurs des glaçures colorées. Cette technique, différente de la « cuerda seca », fut mise au point en Asie centrale à l’époque timouride vers les années 1370 (Jean Soustiel et Yves Porter, Tombeaux de Paradis, 2003, pp. 215-218). Elle sera également utilisée dans le monde iranien, avec quelques adaptations, pour les grandes réalisations safavides de la seconde moitié du XVIe et du XVIIe siècle (op. cit., p. 220).