Bol aux têtes couronnées
Céramique siliceuse, décor moulé sous glaçure transparente
Iran, probablement Nichapour, art seldjoukide, XIIe siècle
Diam. : 14,2 cm ; Haut. : 9,2 cm
Publication :
Sara KUEHN, Central Asian & Islamic Textiles & Works of Art, London 2001, n° 17 p. 20
Les figures délicatement moulées sur chacun des dix lobes du bol sont d’un grand raffinement : chaque visage est individualisé et la finesse de leur trait est à peine estompée par la glaçure turquoise qui les recouvre. Ils sont couronnés de paires d’oiseaux affrontés, en alternance avec des motifs de rubans tressés.
Il existe deux bols quasiment identiques à celui-ci, l’un conservé dans la Collection Khalili (Grube 1994, n° 172 p. 176) et l’autre au musée Tareq Rajab au Koweit (Fehérvári 2000, n° 111 p. 101). Peter Morgan les classifie dans le groupe I des « céramiques moulées à glaçure monochrome » et les attribue probablement à Nichapour, sur la base d’un moule ayant servi à leur fabrication, retrouvé sur place dans les fours (Morgan 1994, p. 158). Un demi-moule de ce type, orné de quelques visages en négatif, est également conservé dans la collection Khalili (Grube 1994, n° 175 p. 178), et une superbe matrice d’un bol à dix lobes, supposée provenir de Ghazni en Afghanistan, est maintenant conservée au musée national du Koweit (Watson 2004, n° Af.3 p. 140). Sur cette matrice, qui servait à la fabrication de moules en négatif, on peut admirer la précision du décor où chaque élément décoratif (tête, couronne, palmette) est unique.
Ces visages en relief ornent d’autres pièces iraniennes de l’époque prémongole, comme la proue d’une coupe en vaisseau de l’Ashmolean Museum (Soustiel & Allan 1995, n° 13 p. 94) ou le col d’une bouteille de l’Aga Khan Museum (Paris 2007-A, n° 18 p. 64). La forme de ces bols lobés est empruntée à l’art du métal, comme l’atteste par exemple une coupe en argent partiellement doré de la Keir Collection (Fehérvári 1976, n° 127, p. 102 et pl. G).